Dom Piolin est un moine bénédictin, un savant et un historien et le troisième président de la Société Historique et Archéologique du Maine. Né le 17 février 1817 à Bourgneuf-la-Forêt en Mayenne, Paul Piolin reçoit dès son plus jeune âge une éducation religieuse et savante au collège de Vitré et termine ses études au collège de Château-Gontier (un établissement très réputé), loin de l’agitation de la Révolution de 1830.
Il continue ensuite ses études religieuses dans l’ordre de Saint Benoît à l’abbaye Saint-Vincent et commence à s’intéresser à l’histoire religieuse et profane locale, comme le veut la tradition d’études et de recherches des moines bénédictins. Il est admis au sous-diaconat (rang inférieur à
la prêtrise) le 13 juin 1840, puis quitte le 14 juillet suivant Saint-Vincent pour entrer à l’abbaye de Solesmes (le berceau monastique rétabli par Dom Guéranger après la dissolution des monastères sous la Première république). Il devient novice en 1841. Le 19 avril 1842 l’abbaye de Solesmes installe une “colonie monastique” nommée Saint-Germain à Paris pour faciliter les recherches historiques grâce à la proximité des archives nationales et Piolin devient son sous-prieur.
La même année, il devient prêtre à la cathédrale du Mans. A Saint-Germain, il doit tout organiser et créer. Les moines bénédictins sont des savants et des chercheurs mais lui-même n’a plus le temps d’étudier, alors même que sa communauté commence à se faire une place dans le monde érudit. L’arrivée d’un nouveau prieur le soulage de ses charges.
En 1844, l’abbaye de Saint-Germain supplante un deuxième monastère à Bièvres et Dom Piolin devient le maître des novices, mais des problèmes financiers forcent les deux monastères de Paris à fermer en 1845. Il est alors contraint de chercher d’autres financements pour l’ordre dans les alentours de Lyon, et ne peut rentrer à son abbaye qu’en 1846.
Entre temps, l’ordre de Solesmes crée en 1845 sa propre revue savante historique et théologique, l’Auxiliaire catholique, dans laquelle il commence ses premières publications sur des sujets religieux et épigraphiques. Son supérieur lui confie alors un travail sur l’Histoire de l’Église du Mans qui l’amène à tisser des liens avec les érudits locaux pour ses recherches. Il en publie la première partie entre 1851 et 1863 : celle-ci relate l’histoire religieuse locale, des prémices du christianisme jusqu’aux débuts de la Révolution française.
Cet ouvrage relance une controverse sur la question de la christianisation de la Gaule et de la mission de Saint Julien, que son auteur défend avec l’aide de savants de la Société Historique et Archéologique du Maine. Mais en 1880, sa vie prend un tournant radical avec la loi interdisant les ordres religieux réguliers qui dissout son monastère. Il a tout de même la possibilité de partir à Rome pour quelque temps, notamment pour trouver des sources pour ses futurs travaux, mais à son retour en France, il doit vivre clandestinement. Dom Piolin publie cependant des articles dans la revue de la Société historique et archéologique du Maine dont il est un membre fondateur. Il en devient le président en 1883 et le demeure jusqu’à sa mort. Mais malade et fragile, il est obligé de suivre les publications de la Revue à distance, bien qu’il continue à faire des recherches. Il s’éteint le 6 novembre 1892.
Roxanne Oudeville (Licence 3 Histoire, 2021-2022, Le Mans Université)
Principales publications
Histoire de l’Eglise du Mans, 6 vol., Paris, Julien Lanier, entre 1851 et 1863, 472 p., 551 p.
Souvenirs de la Révolution dans les départements de l’Ouest : conspiration des bazinistes, épisode de la
lutte entre la Gironde et la Montagne, Paris, L. Willem, 1870, 102 p. En ligne sur BNF-Gallica
Complément de l’Histoire de l’Eglise du Mans : l’Eglise du Mans durant la révolution ; mémoire sur la
persécution religieuse à la fin du XVIIIe
siècle, 4 vol., Le Mans, impr. Leguicheux-Gallienne, 1868-1871
Les sculptures de l’église abbatiale de Saint-Pierre de Solesmes, Le Mans, impr. Leguicheux-Gallienne,
1879, 40 p.
Saulges (Mayenne) et ses antiquités, Bouessay (Mayenne), impr. de Saint-Pierre aux Chesnais, 1882, 24
p.
Dom Prosper Guéranger, abbé de Solesmes, 1805-1875, Paris, Les contemporains, 1882, 16 p.
Louise de Savoie, comtesse du Maine (1515-1534), Mamers, G. Fleury et A. Dangin, 1886, 25 p.
Histoire populaire de saint Julien, premier évêque du Mans, Paris, 1888, 221 p.
Le théâtre chrétien dans le Maine au cours du Moyen-Age, Mamers, G. Fleury et A. Dangin, 1891, 205 p.
Bibliographie
CELIER Alexandre, « Notice bibliographique sur Dom Paul Piolin, ancien prieur de l’abbaye de
Solesmes », Revue de la Société historique et archéologique du Maine, tome XXXV et XXXVI, 1894,
pages 225-247, 143-166 et 321-333
DENAIS Joseph, Un moine au XIXesiècle, dom Paul Piolin, O.S.B, 1817-1892, Angers, Germain et G.Grassin, 1892, 24 p.